L’entrainement mental, le Programme d’enrichissement intellectuel (PEI), Tanagra et les Ateliers de raisonnement logique (ARL)
Résumé du chapitre :
Les quatre méthodes que nous avons retenues répondent à un phénomène de mode à l’égard duquel il faut être prudent. Ces méthodes s’inscrivent aujourd’hui dans le courant de l’éducabilité cognitive qui se fonde sur les théories opératoires de l’intelligence. A l’exception, en partie, de l’Entraînement mental pour lequel le cadre de référence est plus étendu.
Pour toutes le postulat est le suivant : l’intelligence est éducable et l’appareil cognitif est en devenir: il est possible d’intervenir pour favoriser son développement.
L’Entraînement mental
Sa finalité est éducative et sociale. La méthode tente de susciter le désir et la capacité d’autoformation individuelle et collective. C’est une méthode de “simplification” du travail intellectuel. Il s’agit également de prendre conscience des “affectivités”, derationaliser et de “problématiser”, de mettre en relation.
Le déficit est d’ordre socio-culturel et affectif. Les stéréotypes, les idées toutes faites, les préjugés ou les routines sont d’abord des productions sociales qui dominent le mode de pensée et d’agir de la plupart. La distanciation affective par rapport à l’environnement augmente au fur et à mesure de la maîtrise de la méthodologie de raisonnement à acquérir. Le postulat idéologique qui fonde la méthode, et dont le formateur doit avoir conscience, est le suivant : la culture, comme moyen de transformation du monde, n’appartient pas seulement à une élite. L’écart entre la “pensée scientifique” et la “pensée ordinaire” peut être réduit.
Le formateur est un animateur, un entraîneur. Ses interventions doivent faciliter l’expression, l’échange, la progression de l’entraînement et la maîtrise de la méthodologie.
C’est le milieu quotidien qui constitue le stimulus privilégié du développement personnel. Apprendre à analyser les contraintes et les potentialités du milieu que l’on veut transformer concourt au développement de l’individu et accroît son autonomie.
Pour mieux se représenter la réalité, l’adulte se servira d’opérations logiques (énumérer, décrire, comparer, distinguer, classer, définir) et d’opérations dialectiques, ou de mises en problèmes (points de vue, aspects, situation dans le temps et l’espace).
Pour mettre en relation, il utilisera une démarche fondée sur la recherche des causes et des conséquences, dégageant les lois ou théories, pour déterminer les principes d’action. Il s’agira donc de passer: des illusions stéréotypées aux perceptions réelles, des illusions interprétatives aux explications objectives, des illusions dogmatiques aux orientations adaptées, des illusions routinières aux alternatives de décisions possibles.
C’est une méthode socio-pédagogique qui s’appuie sur les situations “réelles” des individus, qui est la seule à tenter de “travailler” la distanciation affective mais qui laisse de nombreux points dans l’ombr,e tels que la place et le statut des savoirs (objets d’apprentissages), le rôle et la fonction du formateur.
Le Programme d’enrichissement intellectuel (PEI)
Il vise une modification des structures intellectuelles permettant l’autonomisation des apprentissages. L’origine du déficit se trouve dans l’absence, ou la carence, d’une médiation adulte nécessaire à l’acquisition des connaissances et à l’apprentissage des moyens efficaces d’adaptation. La démarche est centrée sur les processus, les fonctionnements cognitifs, et sur l’accompagnement des conduites.
Le formateur est un médiateur. Son intervention est préparée à partir d’outils concernant les fonctions cognitives, la carte cognitive, les paramètres de la médiation. Il s’agit de : corriger les fonctions cognitives déficientes – faire acquérir les concepts, les relations, mettre en jeu les opérations qui sous-tendent les activités mentales – développer la motivation personnelle à un fonctionnement mental adapté – faciliter la prise de conscience des processus de son propre fonctionnement mental – proposer une activité qui permette de développer la motivation à réussir – permettre l’autonomie du comportement en favorisant les attitudes actives et créatrices.
Les structures cognitives ne sont pas “rigidifiées”. Il est possible d’opérer un redémarrage évolutif à n’importe quel âge, avec n’importe quel sujet.
Il s’agira de réintroduire les médiations qui ont été défectueuses, insuffisantes, incomplètes ou qui ont manqué de façon systématique et de munir l’individu des instruments intellectuels de l’apprentissage et de l’adaptabilité.
C’est une méthode ortho-pédagogique, qui vise une transformation profonde du fonctionnement cognitif du sujet, peu accessible sans une trés lourde formation et une application sur des temps importants (1 à 3 ans). Même si les transferts dans la vie quotidienne nécessitent une action sur l’environnement et que la “dépendance à l’outil” est un problème, c’est la méthode qui s’attache le plus à la relation formateur-sujet et qui propose les repères d’analyse et d’action les plus élaborés.
Tanagra
C’est une méthode qui s’adresse au personnel de l’entreprise quel que soit son âge, sa qualification, sa fonction. Un stage doit toujours être associé à une progrès de carrière : automatisation, changement de métier ou de responsabilité.
Les capacités intellectuelles du sujet sont inhibées par des blocages dont l’origine scolaire, familiale ou sociale est souvent d’ordre affectif. Ce sont les principes de la découverte, de l’intégration associative et de l’ancrage dans le quotidien qui constituent le guide de l’animation pédagogique. L’accent est mis sur l’entraînement à la représentation mentale et graphique et sur les opérations logico-mathématiques, dans des situations le plus éloignées possible des conditions de scolarité.
Le but de l’action est de permettre aux stagiaires d’apprendrer un ensemble de démarches cohérentes et “adaptatives”. L’animation est guidée par trois principes : la découverte, l’intégration associative, l’ancrage dans le quotidien.
Les stagiaires doivent savoir lire, écrire et utiliser les quatre opérations.
Tanagra propose une démarche originale et structurée mais qui doit être inscrite dans un projet professionnel, à l’intérieur de l’entreprise, et se dérouler parallèlement à une formation technique qualifiante.
Les Ateliers de raisonnement logique (ARL)
Ils abordent les opérations logico-mathématiques de niveau concret et de niveau formel : les structures de relation, de classification, la combinatoire, la logique propositionnelle, la proportionnalité, à partir d’une progression d’exercices de raisonnement, organisés selon la logique d’acquisition des opérations intellectuelles décrite par Piaget.
L’origine des difficultés rencontrées par les formés est imputée à un déficit opératoire. La perspective psycho-génétique adoptée permettra de faire le constat et d’envisager une intervention. La démarche est centrée sur les opérations logico-mathématiques et les processus opératoires. L’objet de la progression est la structuration d’opérations plus diversifiées et plus mobiles et non l’acquisition de savoirs nouveaux. Un diagnostic individuel doit présider au choix des exercices à proposer (ce qui justifie la constitution de groupse de niveau opératoire homogène).
Alors que le contenu de la méthode est à la disposition du public sans formation préalable il nécessite une grande maîtrise des théories pagétiennes (tests et exercices) et risque de laisser croire qu’une intervention sur les mécanismes logico-mathématiques résoudra les difficultés d’apprentissage.
La logique et la cohérence de ses interventions constituent la spécificité et l’intérêt de l’une ou l’autre démarche.
Les contenus sont presqu’inexistants. Ce sont les relations du sujet avec le savoir, avec l’apprentissage, qui sont l’objet de ces méthodes plus que l’acquisition de contenus.
C’est l’autonomie du sujet qui doit être visée et qui, seule, apporte la garantie de l’opérationnalité et la légitimité de l’intervention.
À partir des indications pédagogiques contenues dans ces méthodes on peut dessiner la trame d’un guide de référence pour les formateurs. Ce guide contient des critères de choix des exercices (en fonction des objectifs de la séquence, de la compétence visée, de la situation), des modalités d’intevention du formateur vis à vis du sujet (médiation, régulation), des préconisations d’attitudes pédagogiques (par rapport à la situation, au groupe, aux sujets).
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